NDC, quésaco ? État des lieux de la rentrée
Certains parlent de révolution, d’autres d’une simple évolution technologique, dix ans après sa création, la NDC fait toujours parler d’elle. Concrètement, où en est-on dans la distribution de l’aérien ? Décryptage.
Depuis plusieurs années déjà, la norme NDC, censée offrir aux compagnies de nouvelles capacités de distribution se traduisant par une proposition de services et de tarifs beaucoup plus large que celle permise par les actuels GDS, divise les acteurs du business travel.
“Cela fait 10 ans que ça dure et on voit bien que ce n’est pas évident à mettre en place pour personne !”, pouvait-on entendre à l'unisson dans les rangs des deux ateliers de l’AFTM lors de l’IFTM Top Resa 2022.
Pour Delphine Barrault, directrice des ventes entreprises chez Air France-KLM, la norme NDC se met en place de façon progressive. “Toutes les compagnies aériennes n’ont pas la même maturité sur le sujet et c’est en partie pour cela que cela prend du temps.”
La NDC, quésaco ?
Introduite par l'Association internationale du transport aérien (IATA) en 2012, la NDC est un standard technique qui permet de moderniser la distribution des produits proposés par les compagnies aériennes, de s’affranchir des coûts liés aux GDS et de faciliter les échanges entre les différents acteurs au travers d’un langage informatique commun, le langage XML. Grâce à cette nouvelle norme, les compagnies aériennes peuvent également personnaliser directement leurs offres auprès des TMC afin d’améliorer l’expérience voyageur.
Pour les entreprises, les avantages de la NDC doivent permettre :
- un accès direct à davantage d'options de voyage en fonction des préférences du voyageur ou de ses informations de fidélité ;
- une tarification dynamique basée sur des données en temps réel et une tarification en fonction de la demande ;
- de meilleures informations sur les comparaisons tarifaires ;
- une plus grande variété de services additionnels, tels que la totalité des types de repas selon le régime alimentaire du passager, sur la prise en charge des bagages, la réservation du wi-fi, sur les salons ou encore en matière d'options d'attribution de sièges.
Concrètement, la technologie utilisée aujourd’hui par les GDS, qui date des années 70, est en passe de devenir obsolète et empêche le secteur aérien d’évoluer dans la distribution de ses tarifs et de ses nouveaux services. La norme NDC va permettre entre autres de faciliter l’automatisation d’une part et la personnalisation de l’offre d’autre part et au meilleur prix.
Quelles sont les avancées actuelles ?
Alors que certaines compagnies comme Air France se sentaient prêtent à commercialiser la norme NDC auprès de ses clients affaires, cette dernière à dû repousser de 6 mois la surcharge GDS à cause d’une forte demande de la part des TMC jugeant la norme comme n’étant pas au point et difficile à appréhender. La plus grande valeur ajoutée des GDS est liée au fait que les agences de voyages pouvaient comparer facilement les différentes offres proposées sur le marché. Avec la norme NDC, les gestionnaires de voyages ont dû mal à percevoir comment ils vont pouvoir conserver une visibilité sur les coûts de manière efficace, sans perdre en productivité.
Selon Greeley Koch, enseignant à l’Université de New York City et expert reconnu depuis de nombreuses années dans le domaine des mobilités d’affaires à l’international, “les gestionnaires de voyages doivent évaluer dès maintenant leurs politiques et leur technologie afin d’être prêts à faire face aux perturbations potentielles. S’ils sont pris à revers, ils se retrouveront avec un programme plus fragmenté, moins sûr et, en fin de compte, moins efficace.”
Aujourd’hui, seules 34 compagnies aériennes sont au niveau 3 ou 4 de certification de la norme NDC. À titre de comparaison, plus de 450 compagnies sont distribuées via les GDS.
Henri Hourcade, Directeur Général d’Air France a par ailleurs précisé dans une récente interview que “la norme NDC a l’avantage de mettre à la disposition des distributeurs tout ce qui était jusqu’alors sur les seuls sites web des compagnies aériennes.” Cette norme permet aux TMC d’accéder à une offre full content en transparence totale et sans aucune complexité pour l'utilisateur final.
Dans cette même continuité, Amadeus et Lufthansa ont récemment annoncé, dans un communiqué de presse, leur partenariat pour inclure la norme NDC à leur service. Les offres NDC d’Austrian Airlines, Brussels Airlines ou encore d’Eurowings pourront ainsi être réservées via Amadeus dès la fin de l’année 2022. Elles seront accessibles aux agences de voyages et aux entreprises au travers des différentes interfaces proposées par Amadeus telles que Amadeus Cytric Travel & Expense.
« Au-delà des offres NDC, les vendeurs de voyages continueront à avoir accès au contenu des compagnies aériennes du groupe Lufthansa grâce à la technologie Edifact (GDS) existante », ajoute le communiqué de presse.
Après près d’une décennie, le flou est toujours d’actualité. Il faudra encore plusieurs années pour que l’instauration de la NDC soit effective et qu’elle parvienne à un niveau de maturité et de compréhension auprès de l'écosystème du business travel. Le futur de cette norme dépendra essentiellement de la façon dont les acteurs du secteur l'utiliseront et l'appliqueront.
FCM est devenue la première compagnie mondiale de gestion de voyages à obtenir la certification NDC de niveau 4 (niveau le plus élevé) de l’Association internationale du transport aérien (IATA).